16 – La meilleure eau de France
Grâce au Canal de Marseille, l’eau de la Durance arrive jusqu’à Cassis et La Ciotat. Tout est donc pour le mieux à la fin XIXe et au début du XXe siècle ?
Oui. Enfin, disons que la question de la quantité d’eau a été réglée. Ce qui est énorme. Quant à la qualité… Il faut se rendre à l’évidence : en raison de son parcours alpestre et du régime torrentiel de ses affluents, la Durance livre une eau boueuse.
L’une des préoccupations premières consiste donc à clarifier ces eaux. C’est pourquoi des bassins de décantation sont construits, dont celui de Saint-Christophe, près de Rognes.
Au début du XXe siècle, la typhoïde continue néanmoins à frapper lourdement les familles marseillaises. On dénombre jusqu’à 15.000 morts lors de l’épidémie de 1930 à 1935. Et jusqu’en 1943, les fièvres typhoïdes vont tuer chaque année 400 personnes dans la ville.
L’utilisation du filtre Pasteur ne résout pas les problèmes de contamination. Mais qu’es aco le filtre Pasteur ? Tout est résumé crûment dans la publicité d’alors : « Filtrez l’eau d’ici pour éviter l’au-delà ». Ceci, au moyen d’un grand récipient en verre placé au-dessus de l’évier qui recueille ‘’l’eau de bouche’’ filtrée par une cartouche de faïence poreuse.
A partir de 1920, des postes sont installés pour javelliser l’eau de la zone urbaine. En 1934, le bassin de Sainte-Marthe est équipé d’une station de filtration, puis celui de Saint-Barnabé en 1947. Lorsque la gestion de l’eau a été confiée à la Société des Eaux de Marseille en 1943, le mot d’ordre a été clair : distribuer à tous de l’eau vraiment potable. Et les efforts portent rapidement leurs fruits. De 1943 à 1953, on passe de 384 cas de fièvre typhoïde d’origine hydrique à 8 cas.
En 1981, on dégaine l’arme absolue pour la qualité de l’eau : le traitement à l’ozone. Et par deux fois, le magazine « Ça m’intéresse » aboutit à la même conclusion dans son comparatif sur les eaux distribuées au robinet : c’est à Marseille qu’on boit la meilleure eau de France.
Il reste malgré tout un souci : la sécurisation de la ressource. L’alimentation de la ville dépend en effet d’une seule source d’adduction : le canal de Marseille. Que se passerait-il en cas d’incident sur le cours de la Durance ? Le maire, Gaston Defferre, s’inspirant de son prédécesseur Maximin Consolat, lance alors les travaux de l’adduction de l’eau du Verdon par le canal de Provence.
Depuis 1973, la branche Nord de ce canal fournit une alimentation qui permet au Vallon Dol de stocker 3 millions de mètres cubes d’eau brute, faisant ainsi de Marseille la seule ville au monde disposant de trois semaines de réserve. En comparaison, Paris ne dispose que de 36 heures.