11 – Les vannes du cantonnier arroseur

Et si on parlait de Bouzigue ? Pas le village réputé pour ses huitres et ses moules ! Non, le monsieur Bouzigue qui prêtait à la famille Pagnol la clé des portillons du canal de Marseille !

Ah, oui, celui-là exerçait « le très recherché métier de cantonnier-arroseur » que Marcel Pagnol a rendu si populaire.

Dans « le château de ma Mère », Pagnol raconte les longs détours que la famille était obligée de faire, à pied et chargée de bagages, pour contourner les domaines privés entourant les bastides. Ils se rendaient dans leur location de vacances depuis l’arrêt du tramway dans le quartier de la Barasse, jusqu’à la Treille.

Et puis un jour, ils font la rencontre de Bouzigue, cantonnier-arroseur du canal de Marseille et ancien élève de l’instituteur Joseph Pagnol. Et ce Bouzigue d’insister pour leur prêter la clef qui ouvre les portillons des bastides le long du canal, ce qui permet de raccourcir d’autant leur trajet.

Le cantonnier-arroseur possédait en effet la clef magique permettant d’ouvrir toutes les portes, même et surtout celles des propriétés privées riveraines du canal. Son métier consistait à manœuvrer les vannes qui distribuaient l’eau d’irrigation aux concessionnaires pour arroser leurs cultures. Compte tenu de leurs responsabilités, les cantonniers-arroseurs étaient dûment assermentés et pouvaient ainsi dresser des procès-verbaux.

Ils étaient en quelque sorte des saisonniers. Ils travaillaient intensivement pendant les six mois de la période d’arrosage, du 4 avril au 4 octobre. Une semaine de jour et une semaine de nuit alternativement à raison de 12 heures par jour. Ensuite, les six autres mois, du 4 octobre au 4 avril, ils s’activent seulement 4 heures par jour, consacrées aux travaux d’entretien, au désherbage des berges et, deux fois par an, au chômage du canal dont il faut entretenir le lit et colmater des fuites.

Les vannes du cantonnie arroseur

Quand les riverains apprenaient que l’on allait vider le canal, alors, c’était la pêche miraculeuse. Les poissons se retrouvaient piégés au fur et à mesure que l’eau baissait et l’on n’avait plus qu’à se baisser… pour les ramasser.

A la mise en service du canal, on comptait une centaine de cantonniers-arroseurs. Ils ne sont plus aujourd’hui qu’une quinzaine d’agents d’exploitation à la Société Eau de Marseille Métropole. Les habitations ont inexorablement grignoté les prairies et les jardins maraîchers.